Christine a refusé de donner un téléphone à sa fille, Léa, aussi longtemps que possible. Puis, pour son 13e anniversaire, elle a reçu un smartphone en cadeau de la part de son parrain. Elle était la dernière de ses amies à avoir son propre téléphone. Pour expliquer ce refus, Christine dit qu’elle ne voulait pas que l’utilisation massive des écrans absorbe trop la vie de sa fille. Et maintenant qu’elle a obtenu son smartphone, Léa est beaucoup sur son téléphone, constamment en train d’envoyer des messages sur Snapchat, Instagram, Facebook, WhatsApp.
Les parents de Léa craignent un phénomène de dépendance numérique de leur fille, ce qui la prive de faire d’autres activités qu’elle appréciait auparavant.
Cet exemple illustre le malaise que peuvent ressentir les parents sur la question du téléphone et de l’enfant. Cela signifie-t-il qu’il faut empêcher les enfants d’avoir un téléphone, ou plus largement, de s’approcher des écrans. La réponse est bien évidemment non. Aujourd’hui, le numérique est partout. Il est entré dans les mœurs et nous accompagne dans beaucoup de nos activités quotidiennes.
Empêcher son enfant d’utiliser les écrans, c’est le couper d’une partie de la société. Ce n’est pas pour rien, qu’on parle d’un nouveau phénomène : « L’exclusion numérique » pour les plus démunis. Une étude de Médiamétrie a montré que l’âge moyen du premier téléphone portable chez les petits Français était de 11 ans. Il faut donc les aider dès le plus jeune âge à appréhender ce nouvel outil et les accompagner pour qu’ils apprennent à bien s’en servir.
Comme on apprend à nos enfants à bien se comporter en société, on doit leur montrer comment bien utiliser et se comporter avec un smartphone, sur internet et sur les différentes applications et réseaux sociaux qu’ils affectionnent beaucoup. Mais tout cela s’apprend étape par étape.
De 4 à 6 ans
Il est fortement recommandé chez les enfants en bas-âge de proscrire l’utilisation du téléphone et autres appareils mobiles. Pour ce qui est de l’exposition aux écrans, comme la télévision, elle devrait être de moins d’une heure par jour pour les enfants de 2 à 5 ans. Et pour les petits de moins de 2 ans, il ne faudrait pas les exposer du tout aux écrans.
Il faut comprendre que l’utilisation des smartphones dès le plus jeune âge nuit au bon développement du cerveau. Les appareils mobiles habituent rapidement le cerveau à leur utilisation par la production de la dopamine, plus connue sous le nom d’hormone du plaisir. La stimulation constante du cerveau, générée par les écrans provoque des « chocs cérébraux ». Il en résulte un phénomène de dépendance rapide chez les plus petits.
Nous ne sommes pas en train de dire que les appareils mobiles ou les écrans plus largement sont néfastes pour les enfants. C’est la façon dont on les utilise qui l’est. Une exposition au numérique trop jeune déconnecte l’enfant des besoins de base nécessaires à son bon développement : l’alimentation, le sommeil, l’activité physique, le jeu, l’imagination et l’expérimentation concrète des objets physiques.
Si les enfants en bas-âge s’habituent aux écrans, le cerveau perd sa capacité à aller chercher sa dose de dopamine. Pourquoi aller jouer, sortir dehors, se faire des copains pour obtenir de la dopamine puisqu’on peut l’obtenir facilement avec son écran ?
Habituer les petits aux appareils mobiles ne permet pas leur socialisation. Il est important que l’enfant rencontre, joue, échange avec d’autres, regarde leurs visages pour développer de l’empathie, apprenne à lire les émotions, comprenne les interactions sociales et les fonctionnalités des objets. Les compétences sociales se développent au contact des autres personnes et les connaissances physiques au cours des expérimentations.
De 7 à 9 ans
Pour ce groupe d’âge, il n’est pas recommandé du tout d’offrir un smartphone à son enfant. Même s’ils deviennent de plus en plus curieux et que cela est de plus en plus difficile de leur restreindre l’accès à votre propre téléphone pour qu’ils jouent à Clash Royale, Bubble Witch ou Pokémon Go.
Il en va de même pour l’utilisation des réseaux sociaux. Entre 7 et 9 ans, ils sont encore trop jeunes pour aller dessus. A cet âge, il est difficile de comprendre le système de publication permanente. Les enfants de moins de 13 ans n’ont pas encore développé leur compétence en matière de sens critique. L’exposition au déferlement de publications et messages quotidiens peut être une source de stress pour l’enfant.
L’exposition aux écrans de cette tranche d’âge doit également être encadrée par les parents. Les enfants de 5 à 11 ans ne devraient pas passer plus de 2 heures par jour devant la télévision, le PC, la tablette ou le smartphone.
Infographie issue de l'étude de faireparterie.fr à propos des usages numériques chez les jeunes parents et de leurs enfants.
De 10 à 12 ans
Les parents doivent toujours limiter l’utilisation du téléphone à cet âge, ainsi que tous les appareils connectés à Internet. Les enfants peuvent commencer à avoir leur propre appareil, mais il faut éviter les smartphones connectés à Internet.
Les appareils mobiles et l’usage des réseaux sociaux par les enfants de cet âge peuvent provoquer des désordres émotionnels. Ils favorisent notamment une confiance excessive chez l’enfant qui se sent constamment valorisé par les likes, les cœurs, les partages, les flammes sur ses publications et messages. Ou, à l’inverse, une dépréciation injustifiée de sa personne par rapport aux autres enfants. Ce qui peut être néfaste pour l’établissement d’une nécessaire confiance en lui.
La réalité montre que les enfants obtiennent leur premier smartphone à l’âge moyen de 11 ans. Difficile alors de ne pas céder à la pression de son enfant qui explique que tous ses copains en ont un. Au lieu d’interdire strictement le smartphone et les réseaux sociaux, il faut accompagner l’enfant dans ses premiers usages.
Dès lors que l’enfant commence à utiliser les appareils intelligents, connectés à Internet, il faut mettre en place un contrôle parental. Il y a de nombreux outils, logiciels ou applications pour cela la plus connue Family link par exemple. Les parents ne doivent pas se sentir dépasser par un jeu ou une technologie. Demandez alors à votre enfant de vous expliquer pour vous imprégner de son univers.
Les préados et ados à partir de 12 ans
Dans l’idéal, il serait recommandé de repousser l’âge du premier téléphone à 16 ans. Mais, il devient très difficile de respecter ce principe de nos jours. Quoi qu’il en soit, il est important de surveiller son adolescent sur des possibles changements de comportement. Un adolescent qui développe une dépendance numérique est plus sensible à la dépression ou a l’anxiété.
Sur les réseaux sociaux, lors des premières années, les ados ne devraient échanger qu’avec les amis qu’ils ont dans la vraie vie. À cet âge, les réseaux sociaux sont favorables pour renforcer les liens d’amitié. Votre enfant se sentira trop surveillé si vous lui demandez ses accès personnels. En revanche, vous pouvez très bien demander qu’il vous ajoute en tant que « Ami » sur Facebook et les autres plateformes. Cela ne permettra pas de tout contrôler mais vous verrez au moins les messages qui sont publics. Et il faut aussi commencer à avoir confiance en son ado, tout en gardant un œil sur lui. 😉
L’utilisation du téléphone doit toujours être encadrée par un adulte. À chaque étape du développement, maman et papa doivent apprendre à l’enfant les bons gestes, ce qui se fait et ne se fait pas et faire attention. Comme on apprend à nos enfants à ne pas parler à des inconnus dans la rue, on n’accepte pas une invitation d’une personne qu’on ne connaît pas sur les réseaux sociaux.
La meilleure solution alternative rèste la montre connectée pour Enfant qui lui permet de pouvoir téléphoner tout en aillant un gadget connecté à la mode.
Pour aller plus loin sur cette question de l’utilisation des écrans avec les enfants, nous pouvons vous conseiller ce livre : « Comment utiliser les écrans en famille », par Elena Pasquinelli, philosophe, chercheuse en sciences cognitives, membre du Conseil scientifique de l’éducation nationale. Vous trouverez dans cet ouvrage des explications sur l’impact des appareils mobiles sur le cerveau des enfants. En s’appuyant sur les dernières recherches en neurosciences et en sciences cognitives, la chercheuse explique de façon très clair les mécanismes du cerveau quand il est exposé aux écrans.